Sciences humaines

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Les Aroumains

Les Aroumains

Nicolas Trifon

ISBN 978-2-35270-144-6

28 €

« Barbares de l’intérieur » aux yeux des Byzantins puis interlocuteurs respectés des Ottomans, les Aroumains se sont retrouvés en bien mauvaise posture dans la compétition nationale initiée au milieu du XIXe siècle. Ils sont bergers, caravaniers, artisans et commerçants mais pas paysans et leur pays s’apparente à un curieux archipel surplombant un territoire situé au carrefour des mondes grec, albanais et slave. L’aventure nationale que certains ont tentée avec l’appui de la lointaine Roumanie à partir de 1864 fera long feu. Entrés tard dans l’histoire, puisque leur présence est attestée pour la première fois en 984, ils en sortiront brusquement en 1913, lors de la partition de la Turquie d’Europe. Mais leur histoire ne s’arrête pas là. En effet, cette vieille population balkanique qui parle une langue issue du latin et a longtemps pratiqué le nomadisme pastoral revient à la fin des années 1980 sur le devant de la scène à travers des revendications culturelles et linguistiques.
Le livre consacré par N. Trifon au parcours des Aroumains dans l’histoire commune des Balkans cherche avant tout à établir la généalogie d’un défi. En effet, de par leur situation atypique ils représentent de nos jours un véritable casse-tête identitaire qui court-circuite la logique des États nations balkaniques.
Paru pour la première fois en 2005, Les Aroumains, un peuple qui s’en va a été traduit en serbe en 2010 et en roumain en 2012. Cette nouvelle édition comporte une postface inédite de l’auteur.

Nicolas Trifon, docteur en linguistique, ancien directeur de publication d’Iztok (revue libertaire sur les pays de l’Est), est l’auteur de : Marx à l’Est (1984), La Moldavie ex-soviétique : histoire et enjeux actuels, suivi de Notes sur les Aroumains en Grèce, Macédoine et Albanie (1993, avec Matei Cazacu) et Un État en quête de nation : la République de Moldavie (Non, Lieu, 2010, avec Matei Cazacu).


554 pages, avril 2013.



Voici quelques extraits des échos du livre dans la presse écrite lors de la parution de la première édition en 2005 :

« Si les Aroumains n’existaient pas, les linguistes et Umberto Eco les auraient inventés. Nicolas Trifon en donne la preuve. Il suit leur trace de Byzance jusqu’à nos jours. Il sait toutes les chroniques, les hauts faits, les méfaits, les ruses, l’intelligence et le panache d’une culture à la fois “ prénationale et postnationale ” peut-être mieux équipée pour affronter la mondialisation que les traditions identitaires. » (Jean-Maurice de Montremy, Livres Hebdo, du 21 octobre 2005.)

« Mais, loin de nous donner la migraine avec ces caméléons des Balkans, Nicolas Trifon réussit la gageure de couvrir l’histoire du quart sud-est européen de l’Antiquité gréco-romaine à nos jours selon un angle de vue aroumain en recourant tour à tour à des études ethnologiques, sociologiques, culturelles et linguistiques. Il nous livre là un ouvrage captivant, à lire comme une enquête à la recherche d’un peuple méconnu, mais pas sur le point de disparaître, comme le titre pourrait le laisser penser. » (Jean-Michel Berard, Balkans-Infos, n° 105, décembre 2005.)

« Nicolas Trifon rassemble l’essentiel des connaissances sur l’origine des Aroumains et leur histoire, jusqu’au renouveau culturel de ces dernières années. Inscrivant son propos au cœur des débats sur le phénomène national, il démontre la place singulière de “ ce peuple en trop ”, au regard des critères dominants depuis le XIXe siècle. » (Jean-Arnault Dérens, le Monde diplomatique de décembre 2005.)

« Le titre peut paraître mélancolique, mais l’auteur s’efforce, avec une rigueur louable et obstinée de restituer la place des Aroumains dans l’histoire générale des Balkans. (…) Il est difficile de rendre justice à l’apport varié du livre de Nicolas Trifon. Le moindre n’est pas la prudence méthodologique. Il s’efforce de n’affirmer que des faits et des processus constatés par les sources les mieux étayées, qui peuvent cependant être diverses, linguistiques (toponymes, origine des mots) ou politique (chartes, archives, documents officiels). » (Joseph Krulic, La Nouvelle Alternative, n° 68, mars 2006, p. 179-182.)

Fin 2010, le livre est paru en serbe à Belgrade, dans la traduction de Lila Cona sous le titre Cincari, narod koji nestaje. Peu après sa parution, le quotidien Politika en a publié de larges extraits dans dix numéros consécutifs du 15 au 24 février 2011.

Deux ans plus tard, les éditions Cartier de Chisinau le publiaient en roumain sous le titre Aromânii, pretutindeni, nicaieri. Voici un extrait de l’allocution prononcée par l’historien Andrei Pippidi à l’occasion du lancement du livre au Salon du livre Gaudeamus de Bucarest le 23 novembre 2012 :

« Nicolas Trifon a fait un travail d’une grande érudition avec un sérieux exemplaire. Bien entendu, vous ne saurez vous attendre de ma part que je vous dise si les Aroumains sont un peuple ou non, si leur langue est un dialecte ou une langue, et ainsi de suite. Ce sont des questions auxquelles l’auteur de ce livre s’est risqué d’apporter un début de réponse, avec une remarquable discrétion, que je salue et respecte parce que de cette manière il n’a pas franchi, comme tant d’autres l’ont fait, les limites de la certitude fondée scientifiquement et même le bon sens que nous devrions conserver.
Donc comme érudit, comme frère dans cette profession que nous aimons tant, j’aurais très peu de choses à ajouter étant donné que son exposé est complet, je veux dire qu’il couvre tout ce Moyen Age si tourmenté pour lequel les sources sont certes plus rares que nous l’aurions souhaité et qu’il ose même aller jusqu’à nos jours en étudiant la situation des Aroumains dispersés comme ils ont été et comme ils le demeurent dans tous les Etats de la région.
(…)
Voyez-vous, je considère que ce livre nous permet d’avancer sur le chemin d’une connaissance plus sereine de la situation dans les Balkans, et l’histoire des Aroumains telle qu’elle a été étudiée et exposée dans ce livre reste un exemple pour quiconque s’intéresse à cette thématique.
Il y a quelque temps, en 1989 même, monsieur Nicolae Tanasoca soutenait une communication intitulée « Une histoire de la romanité balkanique est-elle possible ? »
En ce temps, il y avait encore un signe d’interrogation que j’efface maintenant. »

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