Au sud de l’Est

Editions Non Lieu

nonlieu@netcourrier.com

Au sud de l'Est 4

Au sud de l’Est 4

ISBN 978-2-35270-045-6

20 €

Éditorial

Au sud de l’Est, un objet non formaté pour s’interroger sur les passages, les mouvements, les relations, d’autres facettes de notre culture européenne et nourrir, peut-être, le fameux "dialogue interculturel", dont la célebration par nos institutions en 2008 relève plus de l’incantation que du désir réel de rencontrer l’autre.

À trop souvent évoquer les Balkans comme une zone d’obscurité dotée d’une culture orientale rétive à la démocratie, on oublie, comme le rappelle Maria Todorova, que tout un imaginaire a été construit autour de ce mot en Occident, qui avait trouvé dans le miroir de l’autre, un moyen de s’affirmer comme porteur des valeurs de progrès, de rationalité et d’avenir… Ce faisant, on a occulté, comme l’explique le géographe Georges Prévélakis, que cette région a en partie hérité sa conception de l’identité collective des Empires romain, ottoman, austro-hongrois, alors que l’introduction tardive du concept occidental de Nation a provoqué bien des malentendus.

Aujourd’hui l’autre en question est censé — selon l’idéologie en vigueur — traverser une période de transition pour finalement intégrer notre monde… Si on examine l’art visuel des années 1990 et 2000, on constate que les plasticiens, eux, déconstruisent cette idée. L’insolence joyeuse de Dan Perjovschi sur la nouvelle et la vieille Europe, les regards "périphériques" revendiqués par une scène jeune et parfois néophyte se portent en fait sur tout le continent et sa nouvelle culture globale. à partir de contextes locaux, Milica Tomic, Biljana Djurdjevic, Matei Bejenaru, Dren Maliqi, Nicoleta Esinencu..., s’interrogent sur l’invisibilité des images et de la violence, l’immixtion du politique dans la sphère privée, la violence des transformations sociales, voir la destruction des repères culturels…
La période de bouleversement conduit aussi à un certain réexamen de l’image de soi, à la recherche d’un nouvel imaginaire qui ne serait plus dicté de l’extérieur (par l’Occident ou les Russes) ni par le nationaliste ou le modèle patriarcal, un modèle plus individualiste que collectif. Réexamen que l’on constate aussi dans l’attention nouvelle portée en Roumanie, en Bulgarie, en Albanie aux témoignages et mémoires de la vie quotidienne sous le communisme et qui pourraient enrichir les actuelles réflexions françaises sur Mai 68…

Éclaircir certains présupposés de nos conceptions européennes, être attentif aux paroles et aux images qui nous viennent de l’Europe du Sud-Est, voilà sans doute une manière nouvelle de sortir du clivage centre/périphérie qui s’est insidieusement installé sur les ruines des anciennes frontières est/ouest.

Sommaire :
Contexte :Balkans imaginés
Dossier : Les plasticiens après 1989
Transversales :Vécu(s) du communisme en Albanie, Bulgarie et Roumanie
Terre en miroir : L’autre Danube
Textes :Poètes de la Méditerranée (Arian Leka, Bardhyl Londo, Stanislava Gavrilovic, Sibila Petlevski, Demosthenes Agrafiotis, Agim Gjakova, Bogomil Gjuzel, Eftim Kletnikov, Jevrem Brkovic, Milutin Petrovic, Dusko Novakovic)
Regards : Andrei Pandele, photographies interdites et images personnelles
Chroniques
Calendrier culturel

192 pages, juin 2008

Comité de rédaction
Jelena Aparac, Jérôme Carassou, Bruno Cogez, Laure Hinckel, Milos Lazin, Bernard Lory, Dan Lungu, Anne Madelain (rédactrice en chef), Ardian Marashi, Dragica Mugosa (secrétaire de rédaction), Alexandre Tchernookov, Nicolas Trifon.



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