La Dobroudja ? Le lecteur tente de mobiliser ses souvenirs :n’est-ce pas un de ces coins, quelque part dans les Balkans, que des peuples se disputent pour d’obscures raisons, d’eux seuls connues ? N’est-ce pas encore un de ces terrains minés où il est préférable de ne pas trop s’aventurer ?
Vous avez raison, ami lecteur, il y a bien eu une question de Dobroudja ! Mais simultanément vous avez tort : cette question s’est résolue en 1940 et n’a plus été rouverte depuis lors. Même le fameux
réveil des nationalismes de l’après-communisme ne l’a pas sortie de l’oubli. Accueillez donc sans appréhension cette invitation au voyage.
Mais où exactement ? La Dobroudja, c’est cette province que dessine le cours inférieur du Danube, dans sa grande boucle finale, avant de se jeter dans la mer Noire dans son célèbre delta. C’est un grand rectangle d’environ 200 km dans le sens nord-sud et d’une centaine dans le sens est-ouest, que se partagent la Roumanie, qui en détient les deux tiers septentrionaux et la Bulgarie pour le tiers méridional. C’est l’arrière-pays des stations balnéaires roumaines ; le port bulgare de Varna en marque l’extrême limite. Au nord, les monts de Măcin, parmi les plus vieux reliefs d’Europe, dominent le delta du Danube, terre d’alluvions où notre continent est en pleine croissance. Au centre un paysage de steppe domine,dont l’élevage nomade fut longtemps la ressource majeure. Au sud des ondulations douces proposent un environnement plus propice à l’agriculture. La façade maritime, du nord au sud, se compose d’immenses marais, de vastes lagunes, de plages de sable fin, de falaises calcaires.
Dobrogea pour les Roumains,
Dobrudža pour les Bulgares, ce coin lointain de notre continent mérite d’être découvert. Nous vous convions à cette découverte avec les yeux d’un jeune médecin français, Camille Allard, que les aléas de l’histoire conduisirent en 1855 dans ces parages peu fréquentés jusque-là.
Introductions et notes de Bernard Lory.
Postface d’Ivan Roussev.
280 pages, août 2013.